« Elle ». Peut-être la rencontre la plus fondamentale de ma vie, juste après celle de mes parents… Celle sans qui tant d’ autres n’auraient sans doute pas eu lieu.
« Elle » c’est Francine.
J’ai pris mon premier cours de piano avec elle lorsque j’avais 7 ans. Elle avait, elle a toujours, 40 ans de plus que moi. Des yeux d’un bleu clair parfaitement transparent, un regard vif, une attention toujours en éveil, une parole claire, cadencée, rapide. Une patience d’ange aussi !!! Mon dieu, les doigtés des gammes, les fa dièses régulièrement oubliés, les (in)compréhensibles incapacités à travailler telle oeuvre, la fulgurance d’apprentissage d’une autre… avec cette écoute sans concession, et donc toujours si porteuse lorsque venait le compliment. De mes premiers pas à mon entrée au Conservatoire Royal, elle m’a accompagnée, guidée, instruite, aimée.
Aujourd’hui, j’ai pu jouer pour elle. Elle a perdu quelques bouts de sa mémoire, ne m’a pas reconnue, mais m’a écoutée avec le même plaisir, la même attention, et tant d’enthousiasme ! Je la sentais vibrer, presque danser, et je l’entendais chanter… Quelle émotion , quel partage. Peu importe la « réalité » de sa mémoire défaillante, j’ai la certitude que nos coeurs se sont parlés. Elle m’a félicitée pour mon jeu si clair, si juste et si musical. Elle m’a serré la main et ses yeux bleus plantés dans les miens m’a dit avec un grand sourire : « Je suis ravie de vous avoir rencontrée! ».
Finalement, sans occulter la fatalité si dure de cette maladie, je suis repartie avec la magie merveilleuse de cette « deuxième » rencontre si chaleureuse.
Merci Francine.
Merci Jenny d’avoir permis ce moment combien précieux.
Merci la vie.